VISITE DU PÈRE FRANÇOIS-MARIE, MISSIONNAIRE FRANCISCAIN

Histoire d’un amour sans fin

Le jeudi 28 novembre 2013, le Frère Francis-Marie, prêtre de l’Ordre des Pèlerins de la Charité, missionnaire, est venu dans notre classe, à l’école Saint-Dominique, pour nous parler de son ministère à Calcutta. Dans une gare, il apporte son soutien spirituel et matériel à des enfants qui vivent là, dans la plus grande misère.

Je n’oublierai jamais ce 28 novembre 2013, jour où le Père Francis-Marie est venu parler à 13h20 de son appel à servir les enfants des rues dans la gare de Calcutta.

Ceux qui ne connaissent pas la Père ne  peuvent pas le rater : non seulement parce qu’il  porte un habit blanc de missionnaire mais surtout en raison de  la douceur de son regard et de son attitude si bienveillante. 

Le témoignage a commencé par un petit cour de Géographie. Nous y avons appris à notre grande surprise que l’Inde était un pays riche, très jeune (41% d’enfants) avec beaucoup de pauvres, que l’Inde comptait 1 milliard d’habitants avec un très faible pourcentage de chrétiens (0,2%) face aux musulmans (17%) et au reste des religions principalement composées d’hindouistes (80%). L’évangélisation commencée par Saint Thomas à partir du sud de l’Inde a laissé des traces puisque les Chrétiens y célèbrent encore la messe en syro-malabare.

Le Père François-Marie Guyot, oui tel était son nom avant sa mission auprès des enfants des gares, était vicaire à Saint Germain l’Auxerrois et aumônier d’écoles dans le 7ème arrondissement de Paris. Il avait un grand appartement et un beau jardin lorsque en 2000, une religieuse lui demande de célébrer une messe dans son couvent à Paris. Ainsi est née une belle amitié avec les petites sœurs de la charité et c’est donc tout naturellement qu’elles lui proposent de passer des vacances chez elles en Inde à Calcutta. Grâce à un ami qui lui offre le voyage, il peut partir : début d’une longue liste de séjours.

C’est trois ans après, le 9 décembre 2003, au cours d’une année sabbatique passée dans un orphelinat, que le Père est rentré dans l’univers des enfants de la gare. Alors que sa journée était bien organisée, en passant devant la gare de Sheildah, il aperçoit un enfant nu de 11 ans nommé Radjesh qui racle de ses dents une peau de banane récupérée dans le caniveau. Il descend alors de son taxi scooter et ne quitte pas la gare pour soigner cet enfant très maigre. Très vite il rencontre d’autres enfants et comprend que ces enfants ont été envoyés par leurs parents à Calcutta pour trouver du travail, mais en dehors de la collecte de plastique et de la mendicité, ils n’ont pas beaucoup de moyens honnêtes pour gagner de l’argent et de nombreux dangers les guettent.

Un peu plus tard, le 11 février 2003, il part à 200 km de Calcutta avec une sœur de la Charité. Le voyage est fastidieux, ils mettent 5h car un train roule en moyenne à 120 km/h là-bas. Enfin arrivé, il se met à prier et Dieu lui dit qu’il doit s’occuper des enfants de la gare. De retour à Paris  il demande  à son Evêque l’autorisation de vivre cette nouvelle mission  à Calcutta. Mais ce  n’est pas  si facile d’abandonner tout ce qu’il  aime à Paris. Ebranlé le jour du départ, alors qu’il se dit  qu’il va tout perdre, Dieu place une pièce d’un euro à ses pieds dans le métro et lui dit qu’il  est  au contraire en route pour trouver un vrai trésor.

Mais comment  aider au mieux tous ces enfants pauvres ? Il faut respecter le seul et unique bien qu’ils possèdent, leur liberté tout en les préservant des dangers de la rue.

Pour lui une nouvelle vie commence alors, mais elle sera semée  d’embuches car tous les matins on trouve des corps d’enfants sans vie. Elle est difficile aussi car il travaille dans une chaleur torride, humide et crasseuse. Notre Seigneur place sur son chemin John, un californien,  qui  l’aide pour   tous  genres de travaux. Mais les enfants ont peur des blancs et ne veulent pas les toucher. John et le Père Françis -Marie sont decouragés. C’est alors que la Providence les inspire à la vue d’un  enfant qui vend des  panoplies de magicien: ils savent  maintenant comment ils vont apprivoiser  les enfants, ils vont  devenir magiciens ! Aujourd’hui, ils  soignent 450  familles habitant dans des bidonvilles et 1800 enfants.

Ils ont plusieurs solutions pour aider les enfants:

– la petite lampisterie entre deux quais de gare qui permet de prodiguer des soins à l’écart des regards.

-le night-shelter, un abri de nuit à 15 mn de la gare où ils accueillent chaque soir 15 à 20 enfants.

-la mêla, le dernier week-end de chaque mois dans le jardin des sœurs de Mère Theresa. Cette gigantesque fête rassemble les enfants des gares. Leur sont proposés des repas, des soins, des jeux des danses et un superbe film. Parfois lors des  weekends la  mêla propose des  matchs  de foot.

– Un centre de soins à 50 km de Calcutta pour soigner les enfants malades que l’on refuse d’aider dans les hôpitaux de Calcutta.

– une petite école

A côté de cela, Frédéric opticien vient régulièrement examiner la vue de 350 à 400 enfants. A Calcutta, les lunettes sont très chères mais grâce a Frédéric les enfants optiennent des lunettes de la société Krys.

Quotidiennement le Père Francis Marie rase les cheveux des enfants pour les   protéger des maladies transmises par les poux ou puces.

Il trouve sa mission merveilleuse parcequ’il « reçoit tout de ces enfants sans racine et sans toit : leur affection, leur confiance et surtout leur sourire radieux ! »

Je garderai dans mon cœur et dans mes prières le Père Francis-Marie et tous les enfants dont il nous a parlé. Quelle chance d’avoir pu le rencontrer et entendre son témoignage ! 

Clément F, 6°

Calcutta et la religion

Calcutta est l’ancienne capitale de l’Empire des Indes britanniques et la capitale actuelle de l’État du Bengale-Occidental en Inde. Située dans l’est du pays, sur la rive gauche du fleuve Hooghly, la ville compte 4 399 819 habitants et l’agglomération, 16 millions. De nouveaux migrants y affluent chaque jour de localités plus petites. C’est la quatrième ville et la troisième agglomération du pays. Cet afflux de population entraîne une paupérisation toujours plus importante.

Cette population est en majorité hindouiste, à 80%;  17% est musulmane et seulement 0,2% est chrétienne. Selon la tradition, c’est l’apôtre Thomas qui est venu de Terre Sainte en Asie pour annoncer l’Evangile.

La liturgie chrétienne n’est pas célébrée comme dans le reste du monde, mais dans un rite appelé « syro-malabar ».

Dans la vie du Frère Francis-Marie, il y eut un événement  particulier, à l’occasion de la Coupe du Monde de Football, en 1998. À Paris, un dimanche soir, le curé de la paroisse demande au frère d’aller célébrer la messe chez les Indiens. Après la messe, une religieuse l’interpelle en lui demandant de l’aider à nourrir des enfants pauvres, tous les lundis.

Un peu plus tard, en 2000, une sœur demande au Frère s’il accepterait d’aller à Calcutta à sa place. Un ami lui offre même le billet. Frère Francis-Marie voit bien là le signe que Dieu l’appelle en Inde.

À son arrivée, des dizaines d’enfants l’assaillent, quémandant quelques roupies. Ils étaient si sales que son habit blanc fut tout maculé de taches.

Un jour qu’il priait, il entendit la voix de Dieu qui lui disait d’aller auprès des plus pauvres : « Là j’ai découvert après avoir travaillé dans les centres de Mère Teresa, une pauvreté inimaginable, les pauvres survivent dans les rues, beaucoup dans les gares de cette cité de 16 millions d’habitants. Mais ces jeunes ne sont pas que pauvreté matérielle et sociale, ils recèlent bien des richesses ».

Un jour, depuis le taxi qui le transporte, il voit un enfant, nu, sur la rue, léchant une peau de banane, pour y trouver quelque nourriture. Touché, il sort de la voiture, va vers cet enfant, le prend sous sa protection, le conduit dans un centre où il lui apporte toute la journée soin et nourriture.

De retour à Paris, il prend la décision de consacrer sa vie à Calcutta. Il veut abandonner tout son confort parisien pour tenter l’aventure divine. Mais, alors qu’il doute de la possibilité de sa mission, il voit à ses pieds une pièce de monnaie et comprend que son vrai trésor est ailleurs, en Inde.

C’est dans la gare de Calcutta qu’il exerce son ministère auprès des enfants : il leur apporte le bonheur, la joie de vivre et la Foi. En effet, c’est là que des centaines d’enfants vivent. Rois de la débrouillardise, tout leur sert pour survivre. Ils dorment à même le sol, sur le petit carré qu’ils se sont appropriés.

Mais ce travail auprès des pauvres ne s’est pas fait sans peine. Les Indiens refusaient de se faire aider par un blanc, par quelqu’un qui n’était de la même race qu’eux. Il ne s’est pas découragé pour autant, il est revenu auprès d’eux avec ténacité, plein de l’ardeur de Dieu. C’est par la supercherie de déguisements qu’il a su les amadouer. Ils ont fini par l’accepter et comprendre tout le bien qu’il voulait leur faire.

Un opticien parisien de la Société Krys, Frédéric, l’a rejoint pour lui apporter son concours. Après un travail d’opticien auprès des enfants, avec des appareils de contrôle assez sophistiqués, il a commencé à suivre l’exemple du frère, les habillant, les lavant, leur coupant les cheveux… Trois fois par mois, ils vont sur un terrain prêté par la Congrégation de Mère Teresa, afin d’aérer les enfants, de les faire jouer, se nourrir et se divertir. À travers un petit dispensaire, entre deux quais de gare, il soigne ; il accueille dans un abri, quinze à vingt enfants, chaque nuit. Pour ceux que les hôpitaux de Calcutta refusent, il les emmène dans un centre en dehors de la ville et il les éduque, comme il le peut, dans une petite école.

Régulièrement, il revient en France pour témoigner, « afin de faire connaître et partager aux jeunes d’ici notre mission et leur faire prendre conscience qu’il existe un autre monde que le leur, où des jeunes comme eux sont complètement démunis et quasiment abandonnés de tous ».

Ce qui m’a beaucoup frappé dans le témoignage du Frère Francis-Marie, c’est qu’il nous a longuement expliqué tout ce qu’il faisait pour les enfants mais que ce qui semblait encore plus grand à ses yeux c’est ce qu’il recevait de tous ces enfants « sans racine et sans toit. Leur affection, leur confiance et leur sourire radieux sont ma plus grande récompense ». Aujourd’hui, je comprends ce que c’est qu’un enfant qui meurt de faim et pour quelle raison nos parents nous demandent de ne pas gaspiller.

 Xavier de P. (5°)