
Synthèse des interventions devant les parents de seconde, première et terminale – Mars 2025
- utiliser des outils de contrôle parental (temps de connexion, filtres, navigateur web spécialisé, vérifications des contenus consultés a posteriori …) ; quelques outils performants ont été évoqués :
- Qustodio, Boomerang, Family Link, CovenantEyes, Brave…
- vérifier les objets qui se sont connectés à la box et penser à l’éteindre en cas d’absence, voire la nuit.
- se méfier de la grande docilité de son enfant concernant cet interdit : elle cache peut-être la possession d’un smartphone à l’insu de ses parents.
- ne laisser aucun ordinateur/tablette/smartphone en libre accès à son enfant et encore moins dans sa chambre.
Nos milieux catholiques ne sont pas épargnés par le fléau de la pornographie. Comme l’indiquent les statistiques recensées par l’association stopauporno.fr, 52% des enfants de 15 à 17 ans ont déjà consulté un site pornographique dont près de la moitié via un smartphone, 49% sont tombés au hasard de leur navigation sur des images à caractère pornographique, 47% estiment que la pornographie participe à leur apprentissage de la sexualité et 12% visionnent au moins une vidéo pornographique par semaine.
- valoriser le fait que son enfant fait partie de cette minorité d’adolescents héroïques qui résistent !
- comparer par écrit, avec son enfant, les avantages et inconvénients de la possession d’un smartphone ; la colonne des « moins », complétée objectivement, devrait faciliter sa compréhension de l’interdit.
- penser à susciter l’envie d’autre chose pour détourner « l’appel des écrans ».
- sensibiliser son enfant aux enjeux des traces numériques que laisse toute activité sur le web et sur le fait qu’il nourrit ainsi « big data ».
- prendre le temps de consulter des documentaires comme « Derrière nos écrans de fumée » et d’en rediscuter avec son enfant pour comprendre le plus possible les enjeux et les risques.
CONSEILS PRATIQUES : Se proteger des sites malveillants et pornographiques – juin 2025 – Conseils d’un père de famille
Pourquoi interdire les smartphones ? - Courrier aux parents de septembre 2018
« On ne comprend absolument rien à la civilisation moderne, si l’on n’admet pas d’abord qu’elle est une conspiration universelle contre toute espèce de vie intérieure. «
Georges Bernanos.
Chers parents,
Nous voici rentrés ! La rentrée n’est-elle pas synonyme d’enthousiasme ? Ne doit-elle pas nous réjouir alors que le travail nous attend, car c’est celui de la connaissance de la vérité. N’est-ce pas réjouissant de savoir que nous allons offrir à notre intelligence sa nourriture, son objet propre : le vrai, c’est à dire ce qui la perfectionne, qui l’actualise, ce sans quoi elle reste comme morte ? Si l’on ajoute que cette recherche sera authentique au point d’être en harmonie avec le trésor de la foi ; si d’ailleurs on rappelle qu’elle s’accompagnera de bonnes et profondes amitiés, on n’a plus besoin d’aller outre : il devient manifeste que la rentrée s’accompagne d’enthousiasme.
Au fond cette école nous offre – c’est notre espérance, malgré nos limites – la liberté. Pas un ersatz de liberté, mais l’authentique liberté : cette capacité de se porter vers ce qui est bien ; la liberté des enfants de Dieu. « Là où est l’Esprit du Seigneur, là est la liberté. »
Dans ce cadre, la citation trouvée en tête de ces lignes vous surprend et dénote. Expliquons-nous. Y aurait-il une possible mise en péril de cette liberté chrétienne qui fonde notre enthousiasme ? La chose serait alors à prendre au sérieux.
C’est précisément ce que nous craignons avec le développement de la téléphonie et la transformation des téléphones en smartphones.
De plus en plus tôt, les enfants ont accès à toutes ces technologies. La Wifi est omniprésente, tout est désormais numérique… Nombreux sont ceux qui dès le collège ont accès au chat, aux réseaux sociaux et à internet via le wi-fi… [1]
Il faudrait une étude approfondie pour manifester les conséquences de tout cela. Bornons-nous à mentionner les pertes de temps ainsi occasionnées, la disparition du sens du beau et du réel (c’est une image de soi que l’on fait vivre), les rêveries malsaines et les impuretés graves… Tentations bien réelles et qui peuvent donner lieu à de vraies addictions.[2] Par ailleurs, on ne peut passer sous silence l’isolement auquel conduisent les téléphones et les réseaux sociaux. Les enfants deviennent égocentriques et leurs amitiés très superficielles. Ils tentent de rompre leur solitude dans une course malsaine à la notoriété (fictive), et finissent pas se dégoûter d’eux-mêmes, ce qui est la porte ouverte à des cas de dépression de plus en plus graves et fréquents. De nombreux experts et observateurs ont témoigné que l’accès à ces réseaux et technologies est le plus souvent nuisible aux enfants.
Dans ce contexte, ces paroles de Gustave Thibon, prononcées il y a cinquante ans ne sont-elles pas cruellement actuelles ? « À une époque où l’homme, délivré des servitudes de la matière, devient l’esclave de ses moyens mêmes de libération et où tout se fait sous le signe de la vitesse, il n’y a rien de plus urgent que de reconquérir un peu de vraie liberté, de ne pas se laisser emporter tout entier par le mouvement ; un mouvement où le réflexe prend le pas sur la réflexion, et où le signal remplace le signe. »
Nous savons combien cette question vous préoccupe. Si nous vous écrivons, c’est pour vous exprimer tout notre soutien. Pour vous assurer que vous êtes nombreux à travailler en ce sens et qu’il faut tenir bon pour le bien, la vraie liberté, de vos enfants. Ils vous en remercieront certainement un jour. Sinon, nous risquons de les livrer à « ce vide intérieur, dont le premier symptôme est l’ennui qui dévore beaucoup de nos contemporains, surtout les jeunes, [et qui] est peut-être la plus grande menace qui pèse sur l’homme moderne. »
Cela explique aussi les nouvelles directives dont vous avez probablement déjà pris connaissance (interdiction à l’école des téléphones ayant un accès internet jusqu’en fin de seconde) et qui, nous l’espérons, vous aideront à mettre plus facilement les enfants dans un environnement favorable au travail, à la réflexion et à la méditation. Ces mesures – prises tardivement ce dont nous vous prions de nous excuser – porteront des fruits dans la mesure où nous nous trouverons en phase sur cette question importante.
La jeunesse s’accompagne souvent de faiblesse ; c’était la pensée de don Bosco qui cherchait à créer un environnement « où le péché devienne presque matériellement impossible ».
Nous espérons que notre lettre confortera vos sentiments en cette matière. Nos fonctions à Saint-Dominique nous offrent un petit promontoire duquel on peut apercevoir certaines choses qu’il serait bien coupable de taire…
Soyez assurés, chers parents, de notre profond et entier dévouement.
Michel Valadier, directeur du groupe scolaire,
Chanoine Robert Vignaud, aumônier.
[1] La décision du ministre de l’Éducation Nationale d’interdire les téléphones portables dans l’enceinte des établissements à la rentrée de septembre montre bien que ce problème est clairement identifié. Sans parler des déclarations régulières de fondateurs ou de pionniers des réseaux sociaux, qui confessent être effrayés par ce qu’ils ont créé, quand ils n’avouent pas ingénument interdire l’usage des smartphones à leurs propres enfants…
[2] Nous admettons bien volontiers qu’il est parfois prudent de doter un enfant d’un téléphone, mais, de nouveau, il en existe sans internet et sans wifi.
Usage d'internet et des téléphone - Courrier aux parents de novembre 2017
Chers parents,
Ces lignes vous sont adressées à la suite de réflexions menées par l’ensemble des directeurs et des aumôniers du groupe scolaire Saint-Dominique concernant les conséquences de l’usage généralisé et massif de ce que l’on nomme les NTIC, les nouvelles technologies de l’information et de la communication.
Ces réflexions ont été mûries, réfléchies. Et débattues aussi. Nous estimons de notre devoir d’éducateurs chrétiens de les partager aujourd’hui avec vous et vous invitons à y apporter la plus sérieuse attention.
Etat des lieux
Depuis maintenant quelques années, les téléphones portables, smartphones, iPod, iPad, iTouch, MP4, tablettes et autres lecteurs de musique… ont fait leur apparition à l’école et sont utilisés de plus en plus tôt puisque certains d’entre vous tolèrent que des enfants de CM les utilisent…
Aujourd’hui, l’accès à internet est très aisé : dans la plupart des foyers, des boîtes(freebox, livebox, bbox, dartybox…)proposent l’ADSL (internet à haut débit) avec des connexions wifi (c’est-à-dire sans fil) ; ce même wifi est disponible gratuitement dans beaucoup de lieux publics : magasins, restaurants tels que le Quick situé à côté de l’école (par exemple). Et, cerise sur le gâteau, les réseaux sociaux (Facebook, Google +) se sont imposés comme moyens « dits » de communication et de convivialité ; si ceux-ci intéressent moins les personnes de plus de 40 ans, ils n’ont malheureusement aucun secret pour beaucoup d’adolescents…
Bref, il est largement révolu le temps où nous pouvions, en veillant sur les lectures de nos enfants, la musique qu’ils écoutaient et les films qu’ils regardaient, contrôler aisément leur environnement.
Depuis des années, lors des réunions de rentrée, nous nous sommes efforcés – à notre place – de prévenir les parents de cette nouvelle donne dans leur mission éducative et de souligner les dangers pour la jeunesse d’un usage non contrôlé d’internet. Cet outil est un peu comme la langue selon Esope : il peut être la meilleure ou la pire des choses !
Vous trouverez en annexe de cette lettre quelques conseils très concrets pour un bon usage d’internet chez vous.
Nous voudrions insister maintenant sur le téléphone portable. Posons-nous d’abord cette question : à partir de quand peut-on posséder un téléphone portable ? Nous ne parlons pas ici d’un jouet inoffensif, mais d’un appareil qui sert à communiquer, à écrire et à se connecter sur internet. Il y a longtemps que le téléphone sert à autre chose qu’à téléphoner et nous devons en tenir compte car il nous semble fini, le temps où l’on donnait un téléphone portable à son fils chef de patrouille pour qu’il lance sa chaîne d’appel et pour éviter de bloquer la ligne familiale.
Nous vous suggérons donc la réponse suivante : un téléphone doit retrouver son utilité première et en posséder un doit répondre à un besoin légitime. Force est de constater qu’au lycée, sauf exception liée par exemple à la sécurité dans les transports en commun, le téléphone portable ne sert à rien ! Ah, si, « il donne l’heure »… c’est la réponse que fit un jour un élève de Terminale alors qu’il se faisait confisquer son téléphone.
Nous sommes au regret de constater qu’aujourd’hui, chez les garçons, en 2nde, 11 élèves sur 34 ont un téléphone portable, dont un avec un abonnement à internet ; 20 sur 26 en 1ère, dont 3 avec internet et 25 sur 28 en Terminale, dont 6 avec internet. Ce phénomène s’amplifie : les chiffres de 2012/2013 indiquent, en 2de : 6/28 ; en 1ère : 17/31 ; T : 22/28. Nous n’avons pas de chiffres pour les jeunes filles.
Ce qui nous habite
Assurément nos élèves comme les autres restent blessés par le péché originel. Et si notre établissement est sans nul doute très préservé par rapport à d’autres, notre rôle consiste justement à continuer de préserver le plus grand nombre – spécialement les plus faibles et les plus fragiles – en maintenant une grande vigilance face au problème de contamination. Aussi nous n’hésiterons pas à nous montrer de plus en plus sévères si nous avons à traiter le cas d’élèves qui sont laissés trop libres de faire à peu près ce qu’ils veulent dans ce domaine et qui viendraient à se vanter de leurs exploits à l’école. Nous ne pouvons plus le permettre et c’est pourquoi nous n’attendrons plus la fin de l’année pour nous séparer d’élèves à qui nous ne faisons plus de bien et qui abîment leurs camarades.
Les derniers souverains pontifes n’ont eu de cesse de réveiller nos consciences face à la « banalisation du mal » et aux « structures du péché » promues par la « culture de mort ». Inconsciemment, nous en portons tous aujourd’hui la blessure. Et nous pleurons de rage de voir des élèves perdre la clarté de leur regard en quelques mois, parce que les parents n’ont pas su ou pas eu le courage de faire le nécessaire pour les protéger.
Que de fois avons-nous entendu, souvent de la bouche des parents : « Nous faisons confiance à notre enfant », « il doit apprendre à utiliser ces nouveaux outils », « vous voyez le mal partout », etc. Et que de fois, avons-nous reçu un message d’excuse après enquête des parents : « C’est vous qui aviez raison ! ». Hélas…
Le chanoine Denis nous confiait un jour en salle des professeurs : « Moi qui étais bachelier il y a dix ans seulement, j’ai souvent le sentiment étrange d’avoir vécu un autre lycée que celui de mes propres élèves, bien différent du leur et certainement plus proche du vôtre pourtant plus lointain. Mes lycéens me sont proches par leur âge et leur enthousiasme. Mais ils sont une génération blessée, blessée principalement par ces écrans que l’on met dans leurs mains ».
Chers parents, il ne s’agit pas ici d’être rigides mais lucides et réalistes. Force est de constater combien la capacité de raisonnement de nos élèves est mise à mal par l’immédiat du clic, d’une brève ou d’une info, leurs liens d’amitié dénaturés par les réseaux sociaux et leur âme blessée par une pornographie toujours plus accessible.
Nous vous invitons à réfléchir à cette situation nouvelle. M. Daniel Chapelier, directeur de Stanislas à Paris, écrivait aux parents avant Noël sur ce sujet : « Il n’est pas moderne que son enfant reçoive un Smartphone, un ordinateur portable, une tablette… Ce n’est pas moderne, c’est inconscient… Les parents de trente-cinq à quarante-cinq ans ne mesurent pas ce qui se passe dans le monde des enfants de six à douze ans aujourd’hui. C’est tellement loin de ce qu’ils ont connu… Nager contre la marée, souffler contre le vent, sont des devoirs quand, après avoir réfléchi en son âme et conscience, on pense que quelque chose est mauvais. »
Nous félicitons les parents prudents qui résistent aux courants dominants, car nous savons tous combien il est fatigant et même usant de résister, de dire « non », encore. Ces mêmes enfants vous remercieront plus tard ; plus tard, nous aurons notre récompense.
Philippe Maxence, dans un éditorial récent de « l’Homme nouveau » écrit à propos d’internet : « Internet est un outil absolument fascinant, qui n’est pas le fruit du hasard, mais a vu le jour au terme de la mise en branle d’une philosophie qui, au fil des siècles, à travers une multitude d’aléas, a donné la priorité au « faire » sur la contemplation. Extraordinaire moyen de communication, Internet n’en reste pas moins le reflet actuel d’une des plus grandes tentations qui se présentent à l’intelligence et, de ce point de vue, sa nouveauté est absolument nulle. Déjà, dans la Grèce antique, Héraclite se montrait fasciné par le mouvement dans les choses au point de ne pas voir l’être même de celles-ci ».
Nous ne rejetons pas internet par principe ; nos lycéens y ont même accès à l’école, sous certaines modalités.
Mais nous devons faire grandir nos enfants et le faire dans un monde peu propice à la vie intérieure et à l’élévation de l’âme.
Bien sûr, chaque enfant est différent et nous sentons bien que certains sont plus attirés que d’autres par telle ou telle tentation, mais il nous faut adopter un cadre minimum qui favorise la vertu et les saines distractions, et en même temps limite le vice, l’abrutissement ou simplement la perte du temps.
C’est pourquoi nous vous conseillons instamment de réfléchir aux règles en vigueur chez vous et de ne pas hésiter à les remettre à plat.
Dans plusieurs familles par exemple, les téléphones portables des enfants – même des plus grands – restent dans l’entrée de la maison, dans une corbeille ou sur une étagère mais jamais dans les chambres. Cela évite aux enfants de prendre sur leur temps de sommeil pour envoyer leurs sms, mms ou regarder des films.
Dans ce domaine, comme dans beaucoup d’autres, le bon sens et les discussions dans les foyers permettent de trouver les réponses les plus adaptées aux défis que nous connaissons et qui se développent chaque année avec l’arrivée de nouveaux gadgets. La presse nous annonce la mise sur le marché de montres connectées à internet !
Si certains d’entre vous ne comprennent pas les raisons de toutes ces précautions, ou plus globalement « quelle mouche nous pique », nous nous tenons à votre disposition pour en parler de visu avec vous.
Ajoutons une dernière raison qui nous pousse à adapter nos règles de vie dans l’établissement : les téléphones sont utilisés par certains élèves pour tricher pendant les devoirs, les fameux DST. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’ils sont interdits dans la plupart des lycées et collèges publics de France aujourd’hui.
Nos résolutions
De notre côté, et pour le bien commun de nos élèves comme celui de notre établissement, nous prenons donc les dispositions suivantes, qui entreront en vigueur le lundi 10 marsprochain:
1) les téléphones portables (connectés ou non) et tout objet connectable à internet (MP4, iTouch, iPod, iPad, …) sont désormais interdits dans notre établissement. C’est-à-dire qu’un élève ne doit pas en avoir avec lui ou sur lui, même invisible, quand il vient à l’école. Nous avons bien intégré qu’il ne pourra plus écouter sa « musique » préférée pendant les trajets si son baladeur est connectable sur internet.
2) Des tolérances pourront être accordées pour les téléphones, sur demande motivée et écrite des parents. Dans ce cas, le téléphone devra être marqué au nom de l’élève, déposé au secrétariat le matin et repris chaque soir.
3) Tout élève pris avec un téléphone portable (connecté ou non) ou un appareil connectable sans autorisation se le fera confisquer jusqu’à la fin de l’année scolaire. En cas de récidive, il sera exclu 8 jours de l’établissement.
4) Le téléphone est toléré chez les Terminales, et exceptionnellement pour cette année chez les 1ère filles (les plus grandes). Son usage est strictement interdit pendant la journée.
5) Tout élève qui serait pris en train de tricher avec un appareil sera exclu définitivement de l’établissement.
Prochainement, nous allons organiser une conférence pour les parents sur les dangers des réseaux sociaux. Cette conférence a déjà été donnée devant les classes du lycée et nous la renouvellerons chaque année.
Nous espérons, chers parents, que vous comprendrez l’intérêt de ces dispositions et vous assurons de notre vigilance renouvelée afin de permettre à tous nos élèves de pousser droit, sous le regard de Dieu, et d’être chacun une occasion d’élévation pour leur entourage. Plus que de « serrer les dents » ou de « serrer la vis », cette adaptation de notre règlement aux défis présents est une invitation pressante à nous « serrer les coudes » afin que chacun d’entre nous, à sa place de parents, de professeurs, d’éducateurs ou de prêtres agisse dans le même sens.
Plus que d’élever un rempart contre le mal, il s’agit de construire un pont pour le contourner… et de rapprocher nos enfants du Ciel !
Bonne et sainte quarantaine.
Très respectueusement
Michel Valadier
Nicole Durieux
Salvatore Niffoi
Marie-Hélène Tommy-Martin
Quelques conseils pratiques pour l’usage d’internet à la maison
Les autorités morales conscientes de leur devoir ont depuis longtemps mis en garde les parents en les suppliant d’être vigilants et prudents. Il s’agit d’adopter quelques mesures prudentielles simples ; elles sont connues, rappelons-les rapidement :
– si vous avez un ordinateur connecté à internet, il convient de le placer dans une zone de passage (entrée, pièce commune, etc.). La chambre des parents est souvent une fausse bonne idée, sauf si vous la fermez à clé.
– mettre un code d’accès sur votre ordinateur et le changer fréquemment. Les jeunes savent aujourd’hui « craquer » les mots de passe à l’aide de logiciels adaptés,et cela, sachez-le, n’arrive pas que chez les autres ! Par ailleurs, il nous semblebien entendu normal de donner le code aux plus grands de la famille. A partir de quel âge ? De notre côté, nous constatons un réel gain de maturité chez les jeunes entrant en Terminale.
– mettre un filtre efficace sur votre ordinateur. Nous recommandons celui développé par Optenet. Il peut être téléchargé facilement et ne coûte pas cher. Il est fourni gratuitement pour les clients de Bouygues et SFR.
– limiter le temps que nos enfants passent sur internet. Est-il normal qu’un élève de moins de 16 ans aille tous les jours consulter ses mails et/ou se connecter sur un réseau social ? Quelle perte de temps ! Optenet et les autres filtres existant sur votre ordinateur permettent de limiter les plages d’utilisation.
– si vous disposez d’une box ADSL et que vos enfants ont – malheureusement – un téléphone portable ou un iPad, iPod, iTouch, ou encore une tablette… alors ils ont eux aussi accès à internet ! Il est possible de bloquer cet accèsvia le wifià partir de la box,enlaprogrammantpour qu’elle n’accepte que les appareilsdésirés : activezle filtrage MAC et renseignezl’adresse MAC de chacun des appareils autorisés, ainsi seulsces équipements pourront se connecter. Vous pouvez égalementvérifierqui se connecte grâce à votre box et restreindre l’accès à internet à certaines heures.Votre fournisseurpeut vous conseiller.
– si dans votre foyer, il y a d’autres ordinateurs portables et tablettes, ils doivent tous avoir un mot de passe ET un filtre. Les pères de famille et vos grands garçons savent bien pourquoi ! C’est une excellente façon d’activer un ange gardien de plus et de se protéger contre notre propre faiblesse ou notre malice.
Si vous apprenez ces dispositions en lisant ces lignes, nous vous invitons à vous intéresser à ces questions !Nous n’avons tout simplement pas le droit d’ignorer ces choses ;n’aurons-nouspas des comptesà rendresi, à cause de notre faiblesse, paresse ou inconscience, nous n’agissonset que nos enfants sont salis à cause de nous?
Un mot sur la radio et la télévision. Ils en deviendraient presque sympathiques… Mais là encore, interrogeons-nous : est-il normal qu’un élève de 14 ans puisse écouter seul la radio dans sa chambre ? Il semble bien que la réponse soit là encore : « non ». Vous ne connaissez pas Fun radio ou SkyRock ? Eux, si ! Proposez plutôt à votre cher adolescent d’écouter la radio avec vous dans le salon… Quant à la télévision, notons simplement qu’une étude récente de l’Education nationale rapporte que la télévision est pénalisante pour les collégiens. « Un élève moyen ‘accro’ plafonnerait à 8,5/20 » (le Figaro du 3 février 2014).
Dans le domaine des jeux vidéo, savez-vous qu’il y a une alternative à l’usage de l’ordinateur ? Ce sont les consoles familiales de salon, type WII, qui ne nécessitent pas de connexion internet et sont très conviviales.
Dans les média
Le danger des écrans – Figarovox – entretien avec M. Desmurget, auteur de La fabrique du crétin digital – septembre 2019
FIGAROVOX/ENTRETIEN, septembre 2019 – Dans son dernier livre, La fabrique du crétin digital, le docteur en neurosciences Michel Desmurget s’attaque à plusieurs idées reçues sur les bienfaits de la révolution numérique. Il rappelle les effets délétères des nouvelles technologies sur l’attention et la réussite scolaire.
Docteur en neurosciences, Michel Desmurget est chercheur au CNRS et directeur de recherche à l’Inserm. Il vient de publier «La fabrique du crétin digital. Les dangers des écrans pour nos enfants» (Éditions du Seuil, 2019).
FIGAROVOX. – Dans votre livre, vous vous attaquez à plusieurs idées reçues concernant la révolution numérique et notamment celle-ci / l’idée d’une génération de «digital natives» qui seraient plus doués pour la technologie. En quoi ce lieu commun est-il contestable ?
Michel DESMURGET. – Ce lieu commun est tellement absurde que la littérature scientifique le qualifie couramment de mythe ou de légende urbaine. Deux objections principales sont alors avancées. Premièrement, l’usage numérique des «digital natives» se concentre sur les applications les plus triviales: réseaux sociaux, jeux vidéo, plateformes audiovisuelles (films, séries, clips), etc. Ces applications sont construites et pensées pour être aussi simples à utiliser qu’une brosse à dents, expliquait récemment un cadre dirigeant de Google. Croire qu’elles font de nos enfants des génies du bit, du codage et de la synthèse informationnelle, c’est croire qu’il suffit de manger chez Bocuse pour devenir un grand cuisinier. Dans un rapport récent, la commission européenne listait d’ailleurs le faible niveau de compétence digitale des jeunes générations comme un frein majeur à la numérisation des systèmes scolaires.
Deuxièmement, il n’y a pas de différences significatives d’aptitudes ou d’usages entre les jeunes générations et leurs devancières immédiates (devancières qui, par parenthèse, ont inventé et développés tous ces outils). Mais le mythe est utile. Il rassure les parents en leur donnant l’impression que leurs enfants sont des génies de l’informatique et qu’ils «savent différemment». Cette idée rend sans doute moins inquiétant l’effondrement sans précédent des aptitudes langagières, de concentration, de réflexion et de mémorisation de nos progénitures.
Concrètement, quel impact a l’exposition précoce aux écrans chez les enfants ?
L’exposition précoce aux écrans est un désastre absolu. D’abord, plus l’enfant est initié tôt, plus il a de chance de devenir ultérieurement un usager compulsif. Ensuite, dès 15 à 30 minutes par jour, les études révèlent des effets négatifs significatifs sur le développement de l’intelligence, du langage, de l’attention ou le risque d’obésité. À court ou long terme, il n’y a aucun détriment à exempter les jeunes enfants d’écrans, aucun ! Il y a par contre énormément de risques à les exposer. Leur cerveau n’est pas fait pour les écrans. Pour apprendre, nos neurones ont besoin d’humain au sens où ils réagissent beaucoup plus intensément à une présence humaine effective qu’à une présence humaine en vidéo. Nos neurones ont aussi besoin de «tranquillité» ; ils ne sont pas capables, sans dommage, de subir le bombardement sensoriel intense des flux numériques actuels. Plusieurs études rigoureusement contrôlées ont élevé des animaux dans des conditions de stimulation audiovisuelles quantitativement et qualitativement comparables à celles que subissent nos enfants. Les résultats confirment clairement le caractère pathogène de ce traitement avec à la clé l’émergence de sévères troubles de la concentration et de l’hyperactivité ; ainsi qu’une augmentation du risque addictif en raison d’un dérèglement du système cérébral de récompense.
Peut-on dire que les loisirs numériques ont un effet sur la réussite scolaire?
S’il est une question à laquelle on peut répondre de manière affirmative, sans aucun risque de se tromper, c’est bien celle-là. La quasi-totalité des recherches rigoureusement conduites démontrent un effet négatif de l’usage numérique récréatif sur la réussite scolaire ; aucune ne montre d’effet positif. Par exemple, plusieurs études ont offert un accès numérique à des enfants qui n’en avaient pas (télé, console de jeux, ordinateur, tablette, smartphone, etc.). Dans tous les cas cela s’est traduit par un affaissement des résultats scolaires, notamment parce que les usages numériques prenaient du temps sur d’autres activités plus nourrissantes dont l’effet positif sur la réussite scolaire est aujourd’hui largement démontré : lecture, devoirs, sommeil, activité physique, etc. Signalons quand même pour éviter toute ambiguïté que le temps est important. Les usages numériques inférieurs à 30 minutes quotidiennes (une heure si l’on est optimiste) semblent dénués d’effets négatifs détectables (à condition bien sûr que ces usages n’empiètent pas sur le sommeil et que les contenus soient adaptés à l’âge).
Cette exposition aux écrans diffère-t-elle selon le milieu social ?
D’abord permettez-moi de signaler que les temps d’usages des jeunes générations, tous milieux confondus, ne sont pas seulement excessifs ; ils sont extravagants : presque 3 heures quotidiennes à 2 ans, 5 à 8 ans et 7 à l’adolescence ! Cela étant dit, il est vrai qu’un fort gradient socio-économique existe. Les enfants des milieux défavorisés ont, en moyenne, une consommation numérique récréative presque deux fois plus importante que leurs homologues issus de milieux privilégiés. Mais ce constat ne dit pas tout. En effet, les recherches tendent à montrer que plus le milieu développemental est riche plus l’usage numérique coûte cher. Autrement dit, à durée égale, l’impact des écrans est plus délétère dans les milieux privilégiés parce que le temps alors dilapidé se substitue à des activités plus nourrissantes.
Vous abordez la question des jeux vidéo. Certains avancent que leur pratique permettrait de stimuler le cerveau. Est-ce vrai ou bien sont-ils en tout cas négatifs pour le développement cognitif ?
Si je vous dis que le tabac est positif pour la santé au motif que les fumeurs ont un indice de masse corporelle marginalement moins important que les non-fumeurs, vous n’en conclurez pas qu’il est bon de fumer tant les effets négatifs enregistrés dans d’autres domaines sont destructeurs (cancer, risque cardio-vasculaire, etc.). Avec les jeux vidéo, notamment les jeux d’action qui ont été les plus largement mis en avant, c’est exactement la même chose. À force d’entraînement, les pratiquants deviennent capables de réagir un peu plus vite lorsqu’un signal visuel apparaît quelque part sur l’écran. Partant de là, on nous a expliqué que ces jeux développaient les capacités d’attention. Admettons (même si de larges études récentes montrent que ce qui est alors acquis ne se transfère pas en dehors des situations de jeux).
Le problème c’est que nous parlons là d’un type d’attention particulier ; une attention dite visuelle qui nous rend activement perméable et réactif à tout ce qui se passe dans le monde environnant. Le message change radicalement lorsque l’on intègre au paysage la concentration (un type d’attention très différent qui vise à nous rendre imperméables au monde extérieur), le sommeil, le temps volé à d’autres activités (devoirs, lecture, sport, etc.), ou la réussite scolaire. Le caractère globalement délétère des jeux vidéo apparaît alors clairement. Autrement dit, comme pour le tabac, l’arbre isolé d’un bénéfice marginal ne doit pas masquer la forêt globale d’un préjudice profond.
Comment lutter efficacement contre l’usage abusif des écrans ? Faut-il passer par l’interdiction ?
Je ne crois pas, hormis peut-être pour contrôler (enfin !) l’accès des mineurs à certains contenus préjudiciables, parfaitement inappropriés (hyper-violence, pornographie, etc.). Au-delà de ce point, il me semble que l’usage numérique devrait relever de la liberté éducative parentale. Cela étant dit, des pays comme Taïwan ont décidé de légiférer sur le sujet pour interdire l’accès des écrans aux très jeunes enfants et limiter drastiquement le temps d’usage des plus grands. Le débat me semble donc ouvert, surtout si l’on veut bien considérer, par exemple, que 3 heures quotidiennes d’écrans pour des enfants de 2, 3 ou 4 ans pourrait s’apparenter à une forme de maltraitance développementale. Mais pour que le débat puisse avoir lieu et/ou pour que les parents puissent réellement exercer leur liberté éducative, il faudrait que l’information offerte au public soit sincère et complète. Nous en sommes très loin. Le problème est ici identique à celui qui se pose chroniquement depuis plus de 60 ans pour tous les grands sujets de société et de santé publique depuis le tabac, jusqu’aux pesticides en passant par l’alimentation ou le réchauffement climatique. En tous ces domaines, les industriels consacrent des moyens absolument effarants à biaiser, falsifier et dénaturer les réalités scientifiques dérangeantes les mieux établies. C’est là, je crois, une vraie difficulté pour nos démocraties, car les gens ne peuvent agir de manière éclairée que s’ils sont correctement et honnêtement informés.
WhatsApp et le travail à la maison
Chers parents,
Comme nous l’avons rappelé au cours de la réunion de rentrée jeudi dernier, nous sommes résolument opposés pour ne pas dire hostiles à la constitution de groupes WhatsApp visant à récupérer le travail maison de vos enfants. Le temps nous a manqué pour vous présenter nos arguments. Notre opposition n’a en effet rien de dogmatique.
Les trois raisons principales sont les suivantes :
1- Nous pensons avant tout que ce genre de parade pour compenser l’insuffisance des élèves crée un circuit parallèle qui, de fait, les déresponsabilise. Soustraire des élèves à une responsabilité qui leur incombe ne les aide pas à grandir. C’est notamment pourquoi les professeurs n’utilisent pas le cahier de textes électronique d’EcoleDirecte. Nous ne comprendrions pas qu’un système équivalent se mette en place.
2- La bouée WhatsApp entretient ainsi les élèves dans leurs insuffisances ou négligences. Pour poursuivre la métaphore, nous préférons leur apprendre à nager. A quoi bon faire l’effort d’être attentif au moment où le professeur donne le travail à faire puisque l’on récupère toujours les informations par ailleurs ? Le souvenir d’un élève, bras croisés pendant un cours, et qui à la question : « Pourquoi n’écrivez-vous pas » ? a répondu : « je photocopierai le cahier de mon voisin »… nous hantera encore longtemps.
3- Nous savons ce que peut-être l’occupation d’une maman à la maison à partir de 16h30. La solution de demander aux enfants eux-mêmes de consulter la messagerie peut être tentante et créer ainsi autant, voire plus, de temps d’écran. C’est à éviter absolument. Si l’agenda de votre enfant est régulièrement incomplet, le mieux est de nous le signaler afin que nous lui rappelions de consulter celui de la classe, tous les soirs à 16h30. Posé sur le bureau des professeurs, chaque enseignant y note le travail qu’il donne dans sa matière.
Salvatore Niffoi
Directeur du collège de garçons