Discours prononcé le jour de la pose de la première pierre du nouveau bâtiment
It’s a great honor to welcome your Eminence at Saint-Dominique. Your presence amongst us is very comforting. Thank you so much for taking on your precious time for our school.
En effet, vous avez entamé aujourd’hui un véritable marathon, commencé ce matin tôt au cimetière du Pecq où vous avez béni la tombe de Bruno, un ancien élève de notre école, puis célébré la messe à Saint-Louis de Port-Marly. Ce soir, vous repartez à Rome et demain, vous vous envolez pour les indes.
Alors, merci Eminence de manifester ainsi votre intérêt pour l’école catholique. Permettez que j’associe à ces remerciements la personne de Mgr Wach, car c’est chez-vous cher Monseigneur, que Son Eminence nous a confirmé qu’il viendrait aujourd’hui.
Et je voudrais aussi, avant de vous dire quelques mots, excuser notre sénateur Alain Gournac, empêché par une obligation impérative. Cependant, il nous a promis d’être présent pour inaugurer le bâtiment…
Un aumônier du MJCF, notre mouvement de jeunesse bien aimé, le Révérend Père Réveilhac, disait souvent dans ses sermons : «on n’est pas catholique si on n’est pas romain !». Comme il avait raison ! C’est pourquoi, monte aujourd’hui à mes lèvres la célèbre devise : « Sénatus Populusque Romanus », dont l’acronyme – SPQR – est encore gravé de nos jours sur les bâtiments et ouvrages publics de la ville éternelle.
« Sénatus Populusque Romanus ». Le sénat et le peuple romain.
Nous avons aujourd’hui avec nous un sénateur – nous aurions dû en avoir deux – entouré de beaucoup de catholiques romains. En effet, le collège des cardinaux est le sénat de l’Eglise et une belle tradition le considère comme l’héritier de l’antique sénat romain.
Et puisque nous sommes sur le territoire de Port-Marly, tout près du Pecq certes, mais à Port-Marly, et que nous parlons de symbole, en voici un autre : l’église de Port-Marly a été édifiée par les soins du roi Louis XVI. Il en a même posé la première pierre – déjà ! – le 2 novembre 1780. Or Louis XVI fût le premier monarque à soutenir la jeune Amérique dans sa guerre d’indépendance, en signant un traité d’amitié avec Benjamin Franklin à Versailles le 6 février 1778. Aujourd’hui, nous recevons un autre illustre américain et nous en sommes fiers.
Pourquoi construire une annexe de notre école installée à quelques mètres d’ici, au Pecq ?
Eh bien pour y accueillir ceux qui frappent à notre porte, tout simplement.
Nous n’avons pas de plan stratégique à 3, 5 ou 10 ans mais des demandes concrètes.
Cette nouvelle annexe va nous permettre de continuer à transmettre un peu de ce que nous avons-nous-même reçu.
Car, comme le rappelle Jean Madiran, décédé cet été : « La loi naturelle de l’humanité est que l’homme sur la terre est un débiteur insolvable. Un débiteur, parce que, si pauvre et si malheureux qu’il soit, il a immensément reçu. Un débiteur insolvable parce que si génial qu’il soit, il ne pourra jamais rendre à sa famille et à la société l’équivalent de ce qu’il en a gratuitement reçu ; tout homme a ainsi par nature une dette envers ses parents, sa famille, ses ancêtres et sa patrie, sans lesquels il ne serait rien… Cette dette, il ne peut s’en acquitter que faiblement. Il ne peut rendre autant comme le sens naturel de la justice le réclame. »
Si nous ne pouvons pas rendre autant que nous avons reçu, nous voulons faire connaitre au plus grand nombre un peu des trésors de notre civilisation.
La barbarie qui guette notre société, fruit empoisonné de la dictature du relativisme dénoncé par Benoit XVI, a pour origine proche une rupture de transmission depuis au moins deux générations.
Et nous voyons le résultat :
Ce qui était évident pour nos grands-parents nés au début du XXème siècle, ne l’est plus du tout pour leurs arrières petits-enfants du XXIème siècle. Les sujets de société qui se succèdent dans l’actualité le démontrent : aujourd’hui l’euthanasie et le « gender », hier la dénaturation du mariage ; demain la PMA et la GPA…
« Chassez le surnaturel, il reste ce qui n’est pas naturel », disait G.K. Chesterton.
Et je vous prends à témoin Eminence car, ce que vous disiez cet été dans un journal américain, The Wanderer, à propos du pseudo mariage homosexuel vient confirmer cela. Je vous cite :
Comment sommes-nous arrivés à ce point ? Le fait est que ces arrangements juridiques ont rendu légal la manifestation d’une culture de mort, d’une culture anti-vie et anti-famille qui existe aux USA depuis un certain temps. Nous, catholiques n’avons pas bien combattu cela parce que notre foi ne nous a pas été bien été enseigné, avec la profondeur nécessaire pour répondre aux graves maux de notre temps. C’est un échec de la catéchèse à la fois des enfants et des jeunes depuis cinquante ans. Ceci est en train d’être traité, mais nécessite une attention beaucoup plus radicale. Je peux dire cela parce que j’étais l’évêque de deux diocèse différents. Cinquante ans après, nous avons de nombreux électeurs adultes qui soutiennent des politiciens qui ont des positions immorales parce qu’ils ne connaissent pas leur foi catholique et l’enseignement de l’Eglise sur ces questions. Par conséquent, ils ne sont pas en mesure de défendre la foi sur ces sujets.
De son côté, Jean-Paul II affirmait le 1er janvier 2001 : « Les modèles du monde occidental, désormais affranchis du terreau chrétien, sont inspirés par une conception pratiquement athée de la vie… Cette pratique est marquée par la prétention dramatique de vouloir réaliser le bien de l’homme en se passant de Dieu, le Souverain Bien ; mais la créature sans son Créateur s’évanouit. Une culture qui refuse de se référer à Dieu perd son âme en même temps que son orientation »
Eh bien, justement, dans notre école, nous cherchons en permanence la bonne orientation.
C’est pourquoi, nous proposons aux élèves qui nous rejoignent d’être et de vivre en créatures de Dieu, libres et responsables.
Loin de l’orgueil magnifié qui les invite à jouir sans entraves ni but qui les dépassent, nous rappelons à nos élèves cette évidence trop oubliée : vous n’êtes pas des petits dieux ! La dignité, les droits que vous revendiquez, doivent être envisagés dans la dépendance d’un Autre : Le Bon Dieu d’abord et tous ceux qui ont autorité sur vous, vos parents, professeurs, éducateurs et gouvernants, dans leurs actes légitimes. Omni potestas a Deo. Tout pouvoir vient de Dieu, dit Saint-Paul.
Par conséquent, avant d’avoir des droits, vous avez des devoirs.
Devenir libre et responsable : voilà le programme que nous proposons à nos élèves.
La liberté vue de notre fenêtre, de nos futures fenêtres devrais-je dire, ne consiste pas à faire ce que l’on veut ; mais à faire ce que l’on doit. En écoutant sa conscience droite et en étant vertueux. Hélie Denoix de saint Marc, rappelé à dieu lui aussi cet été, à la fin sa belle lettre à un jeune de 20 ans écrit : « Enfin, je lui dirai que de toutes les vertus, la plus importante me paraît être le courage, les courages, et surtout celui dont on ne parle pas et qui consiste à être fidèle à ses rêves de jeunesse.
Et pratiquer ce courage, ces courages, c’est peut-être cela «L’Honneur de Vivre».
A la politique de l’excuse, nous préférons – très en amont – l’école de la responsabilité ; ce qui n’est pas incompatible – au contraire – avec les grands rêves et les grands désirs.
Le vrai bonheur est là, caché parfois, mais nous savons avec le père Lacordaire, restaurateur de l’ordre de saint Dominique en France, que : « le savoir est un fruit, dont la racine est amère ». L’amertume des études décourage souvent nos jeunes, mais la générosité inhérente à leur âge leur permet d’atteindre le sublime, avec un minimum de persévérance.
Nous ambitionnons donc le meilleur pour nos élèves et leur répétons souvent cette belle maxime : deviens ce que tu es !
Nous pensons qu’ils doivent se structurer et se doter d’une bonne hiérarchie des valeurs maintenant. Quand ils arrivent dans le monde de l’entreprise, il est bien tard. Ils doivent apprendre à assumer leurs actes, bons ou mauvais, aujourd’hui !
Et pour tenter d’y arriver, nous puisons à la plus sure des sources : le décalogue ; les dix commandements qui donnent le sens du beau, du vrai et du bien.
Nous y ajoutons une solide formation où les classiques et la culture générale ont une place de choix ; afin de compléter les programmes officiels.
Pour cela, nous travaillons collectivement, chacun essayant de tenir son créneau propre :
Les prêtres, nos chers chanoines de l’Institut du Christ Roi Souverain Prêtre, aidés depuis 15 ans par tous les curés du Pecq qui se sont succédés, s’occupent de l’âme de nos élèves. Qu’il est bon d’avoir un enseignement religieux. Qu’il est doux grâce à eux, de recevoir le pardon de nos péchés ; d’assister fréquemment à la sainte messe ; d’avoir la présence réelle, le Bon Dieu dans les tabernacles de nos oratoires ; il y en a un par bâtiment et celui qui va occuper le coteau situé derrière moi en possédera un aussi.
Nous appliquons ce que notre saint patron considérait comme étant l’âme de tout apostolat. Ecoutons le Père de Chivré, autre grand dominicain français : « C’est la gloire de saint Dominique de n’avoir eu foi dans l’activité humaine qu’à condition d’en chercher le principe, d’en demander la fécondité à la première et la plus riche des activités, celle de l’âme conversant avec l’éternel Agissant, dans l’harmonie d’une prière commune ou le silence d’une oraison intime. »
Et c’est sans doute parce que cette activité spirituelle est vitale que les bons anges œuvrent pour nous ? Jugez-en plutôt : grâce à Olivier, un de nos administrateurs nous récupérons à Paris des bancs en excellent état ; Nous sommes inquiets à cause de leur taille qui parait excessive car il n’est pas possible de modifier la taille de la future chapelle. Coïncidence étonnante : ils sont exactement à la bonne dimension ; à 5 cm près, je vous assure. Quelques temps après, Benoit, un autre administrateur voit passer sur internet une annonce : des religieuses de saint Etienne donnent un autel en marbre. Nous appelons. La sœur nous déclare que nous ne sommes pas les seuls et que plusieurs diocèses sont sur les rangs. Et un matin, nous recevons un appel : nous avons visité votre site internet, dit la religieuse, l’autel est pour vous car nous savons que vous en ferez un bon usage ! Et là encore, il est parfaitement aux proportions. Encore une coïncidence, alors que de surcroit, autel et bancs sont du XIXè siècle et dans le même style ? Cette succession de coïncidences, nous, nous l’appelons Providence et nous disons : merci mon Dieu !
Avis aux anges gardiens : il manque encore les vitraux et un orgue ! A bon entendeur…
Après le clergé, les enseignants, dévoués, qui ne viennent pas ici d’abord pour la rémunération, mais qui s’enrichissent malgré tout en intégrant une équipe, animée d’un même idéal.
Auxiliaires des parents, ils essayent de les aider pendant quelques années et ont la satisfaction de voir leurs chers petits élèves grandir. Et ils sont toujours émus d’avoir de leurs nouvelles après leur départ de saint Dominique.
Pilotés par les cinq directeurs, les 72 enseignants veillent à la cohérence de l’enseignement dispensée au sein de chaque discipline et entre celles-ci – de la maternelle au lycée – tout en préparant aux examens d’Etat. Ce mélange fait parfois mauvais genre ou mauvais « gender », ces temps-ci si vous voyez ce que je veux dire…
A côté des enseignants, je ne saurai oublier le personnel administratif, qui travaille souvent en coulisse, mais dont le rôle est vital et je les salue ici chaleureusement. Elles sont souvent à la peine, il est juste de les mettre à l’honneur aujourd’hui.
Si l’on remonte tout en haut de la hiérarchie, nous arrivons aux administrateurs. Aussi discrets que disponibles, comme des anges gardiens, ils veillent à la pérennité de notre œuvre, pour certains depuis 21 ans. Ils sont aujourd’hui douze, comme les apôtres. Leur chef ne s’appelle pas Pierre mais Eric !
Sans eux, bien des décisions critiquables auraient été prises ; certaines auraient même sans aucun doute mis en péril tout notre édifice…
En votre nom, je voudrai les remercier tous pour leur fidélité et leur clairvoyance. Merci Monseigneur, M. le chanoine, Alexandrine, Antoine, Benoit, Bruno, Etienne, Eric, François, Jean et les deux Olivier.
Notre principal atout, ce sont bien entendu les familles qui nous font confiance et nous confient leurs chers enfants, nos élèves. La première génération d’élèves revient pour y inscrire ses enfants. Nos premiers anciens, entrés au séminaire reviennent comme prêtre. La voilà notre récompense !
Ce nouveau bâtiment, le troisième que Jean, administrateur lui aussi, va nous construire, aidé par François Bévillard, notre architecte ; ce nouveau bâtiment donc viendra compléter et achever la fondation de notre groupe scolaire.
Chaque cycle aura son espace propre : les deux premiers bâtiments, situés au Pecq à quelques mètres d’ici, accueilleront le primaire mixte et le secondaire des jeunes filles. Le bâtiment qui va être construit ici et dont la première pierre va être posée dans un instant par Son Eminence, après avoir été bénie, accueillera le secondaire des garçons.
Au cœur de notre dispositif, ouvrira en septembre 2014 l’unité Bienheureux François de Fatima, portée par Alexandrine, elle aussi administrateur. Il s’agit d’une unité pour garçons atteints d’une maladie de l’intelligence qui les handicape et les empêche de suivre une scolarité normale. Nous espérons le partenariat le plus large possible avec nos élus, pour aider ces jeunes si aimés du Bon Dieu à mieux vivre en société et nous remercions ici la ville du Pecq pour les premiers contacts très encourageants.
Avec l’argent déjà collectée, nous avons pu acheter le terrain, ainsi que ces quelques pierres. Le gros œuvre est presque financé, mais il nous manque encore 1 M d’€ à trouver en 10 mois pour terminer les travaux. Merci à François, administrateur, qui œuvre sans relâche – avec Eric notre président – à la recherche de fonds.
Aidez-nous à passer le cap de la dernière pierre ! Restons mobilisés.
Merci de votre attention !